Qui sont les petits immigrants britanniques et les enfants travailleurs migrants?
Avec le concours de Michelle Asselin, trad. a.
Du début des années 1860 jusqu’aux années 1970, des enfants placés dans des foyers publics (« Homes ») aux quatre coins du R.-U. ont été envoyés dans des pays de l’Empire britannique pour travailler comme manœuvres agricoles et employés de maison à long terme.
La majorité des plus de 100 000 petits immigrants britanniques envoyés au Canada sont arrivés ici entre 1869 et 1939. Ils étaient, pour la plupart, âgés de quatre à quinze ans.
Le programme a été mis en place au cours de la révolution industrielle, alors que de nombreuses familles ont quitté les régions rurales et se sont installées dans des villes du R.-U. pour y trouver du travail. Traditionnellement, les familles étaient regroupées dans une région et, si le besoin se faisait sentir, les enfants étaient répartis entre les membres de la parenté qui les prenaient en charge.
Lorsqu’elles déménageaient dans les villes, les familles étaient coupées de ce système de soutien traditionnel, et lors du décès, de la maladie ou du départ de l’un des parents, l’autre était forcé de chercher de l’aide ailleurs. C’est ainsi que des organisations philanthropiques sont nées un partout dans le pays pour venir en aide à ces enfants dans le besoin. La plupart des enfants n’ont pas été recueillis dans la rue, mais ont été confiés à ces organisations par leurs familles qui n’avaient personne vers qui se tourner.
Fondées avec des intentions louables, plus de 50 organisations comme Barnardo’s, Quarriers, l’Armée du Salut, The Liverpool Sheltering Homes et The Church of England, pour ne nommer que celles-là, ont participé au programme. Mais elles ont rapidement été dépassées par le nombre d’enfants démunis qui leur ont été confiés.
Une solution a alors été proposée : envoyer ces enfants dans les colonies où ils bénéficieraient de l’air frais et pourraient travailler comme manœuvres sur les fermes. Les agriculteurs, certains eux-mêmes très pauvres, notamment au Canada, n’étaient que trop contents de payer un maigre salaire pour avoir de l’aide. Le Canada en particulier a été présenté aux parents comme étant un refuge sûr où leurs enfants seraient à l’abri des tempêtes qui secouaient leur vie.
Parfois, les parents confiaient leurs enfants à ces institutions comme mesure temporaire, mais lorsqu’ils revenaient les chercher, ils découvraient que les enfants avaient déjà été envoyés vers un pays lointain. Certains parents recevaient, à peine une semaine après avoir confié un enfant à une organisation, un avis que ce dernier avait été sélectionné pour émigrer; d’autres ne recevaient un avis qu’une fois que leur enfant avait déjà quitté le pays.
Une fois au Canada, les enfants étaient envoyés dans des foyers d’accueil situés aux quatre coins du pays. Les agriculteurs ou les ménages devaient présenter une demande pour recevoir des enfants. On comptait sept demandes pour chaque enfant.
C’est ici que le système a commencé à s’enrayer. Des enfants d’une même famille ont été séparés dès leur arrivée, et même si beaucoup d’agriculteurs se préoccupaient vraiment du bien-être des enfants, beaucoup ne les considéraient que comme une main-d’œuvre bon marché. D’autres ont abusé d’eux et les ont soumis à d’horribles traitements. Le suivi du placement d’un enfant était habituellement laissé au hasard, même si certaines organisations ont pris contact avec des membres de la paroisse où les enfants avaient été envoyés. Les enfants pouvaient être retournés si leur foyer d’accueil considérait qu’ils étaient inadaptés, et certains enfants ont fait l’objet de plusieurs placements De plus, de nombreux petits immigrants britanniques ont été stigmatisés par les communautés qui devaient les protéger.
Souvent, ils se sont fait dire par leurs « propriétaires » temporaires qu’ils n’étaient que des « rats de rue » ou des « travailleurs » et de se cacher si des visiteurs se présentaient. Certains ont été ridiculisés et blâmés pour les situations problématiques qui survenaient dans la collectivité. Ils ont enduré en silence, refusant de parler de leur situation même aux membres de leur famille immédiate. D’autres, par contre, ont noué des relations durables avec leurs familles d’accueil – au point de les mentionner comme parent proche lorsqu’ils se sont enrôlés dans l’armée canadienne lors des deux guerres mondiales.
Ce programme d’émigration, abandonné pendant la Première Guerre mondiale, a été réactivé au cours des années 1920. Beaucoup d’enfants avaient perdu leur père à la guerre, et la grippe espagnole a fait beaucoup d’orphelins.
En 1924, la conscience sociale ayant connu une certaine évolution, des personnes influentes ont plaidé contre l’envoi au Canada de jeunes de moins de 14 ans, et après le début de la Seconde Guerre mondiale, le programme d’enfants immigrants a, à toutes fins utiles, pris fin au Canada. Cependant, des enfants ont été envoyés en Australie jusqu’aux années 1970.
Plus de dix pour cent des Canadiens descendent de petits immigrants britanniques, mais beaucoup ne connaissent toujours pas ce pan important de leur histoire.
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